Il y filme l'une de ses étudiantes
répétant une scène de théâtre sous sa direction, en vue d'une
audition.
Dans la scène en question, une femme invective violemment
son compagnon, figuré par un mannequin portant perruque et manteau.
George interrompt sans cesse la comédienne pour la pousser à
extérioriser ses émotions de façon toujours plus extrême. Il
déclame ses répliques avec hystérie, lui montre comment elle doit
se caresser les seins, sauter en l'air, ou ramper sur le sol.
Il donne
à son élève hilare, ainsi qu'aux spectateurs, une délirante leçon
de Camp, où il libère une féminité agressive et exacerbée. Ce
faisant, il démontre que le métier de comédien ne doit pas être
pris trop au sérieux, que le réalisme n'est pas nécessaire à
l'authenticité. Le sujet de la scène répétée permet l'expression
d'une révolte contre l'hégémonie masculine ; le
partenaire-mannequin devient un défouloir qui, à force d'être
malmené, finit par "perdre la tête" au sens littéral.
Mais Kuchar se
montre lui-même despotique, empêchant la comédienne de terminer
ses répliques et lui faisant adopter des postures équivoques (il la
fait se jeter aux pieds du mannequin, dans une position évoquant une
fellation). Il en ressort une vision brutale des rapports de sexe,
dans une profession où la femme fait toujours l'objet d'une
exploitation, même au sein d'un projet qui veut dénoncer cet état
de fait (en profitant de la répétition pour réaliser son propre
film, Kuchar exploite son étudiante).
Au final, ce petit film se
révèle une charge postféministe percutante, ainsi qu'une démonstration
drolatique de la porosité des genres sexuels et de leur caractère
performatif.
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